Pays avec la taxe carbone la plus élevée et leur impact environnemental
La Suède applique depuis 1991 une taxe carbone supérieure à 130 euros la tonne, un montant plus de dix fois supérieur à celui en vigueur dans la majorité des pays européens. Malgré ce niveau record, ses émissions par habitant restent parmi les plus basses du continent.
Certains pays figurent parmi les plus grands émetteurs mondiaux tout en imposant une tarification du carbone quasi symbolique, voire inexistante. À l’inverse, d’autres États ont instauré des dispositifs fiscaux stricts sans pour autant afficher les réductions d’émissions attendues. Les écarts entre ambition politique et résultats concrets se révèlent souvent plus importants que prévu.
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Quels pays émettent le plus de gaz à effet de serre en 2023 et pourquoi ?
Chine, États-Unis, Inde : ce trio domine le classement mondial des pays plus émetteurs de gaz à effet de serre en 2023. La Chine s’impose, concentrant à elle seule près d’un tiers des émissions globales de dioxyde de carbone. Près de 70 % de son électricité provient encore des combustibles fossiles, principalement le charbon. La transition énergétique reste freinée par la croissance industrielle et la demande énergétique d’une classe moyenne en expansion rapide.
Les États-Unis, deuxième du classement mondial, s’appuient toujours sur le pétrole et le gaz naturel, en particulier pour les transports et la production d’électricité. Leur empreinte carbone reste considérable, même si le recours croissant au gaz naturel à la place du charbon a freiné la progression des émissions.
L’Inde, troisième pays le plus pollueur, accélère sa production électrique pour soutenir son essor économique. Le charbon, ressource abondante sur son territoire, demeure la principale source d’énergie, ce qui alimente la hausse continue des émissions de GES.
Voici les secteurs qui, partout dans le monde, pèsent le plus lourd dans la balance des émissions :
- Production d’électricité à partir d’énergies fossiles
- Industrie lourde (acier, ciment, chimie)
- Transports routiers et aériens
La France, souvent citée en exemple parmi les grandes économies, affiche une empreinte carbone plus modérée grâce à un mix électrique où le nucléaire occupe une place centrale. Mais la domination des énergies fossiles à l’échelle mondiale reste la principale force qui alimente le réchauffement climatique.
La taxe carbone : fonctionnement, niveaux records et effets sur l’environnement
La taxe carbone repose sur un principe limpide : chaque tonne de dioxyde de carbone émise lors de la combustion d’énergies fossiles se paie au prix fort. États et gouvernements fixent ainsi un prix du carbone appliqué aux entreprises, parfois aussi aux ménages, pour chaque kilo de CO2 rejeté dans l’atmosphère. L’objectif ? Pousser à la réduction des émissions et aiguiller les investissements vers des solutions moins polluantes.
La Suède détient le record mondial : près de 130 euros la tonne en 2023. Les pays nordiques suivent, loin devant la moyenne française qui plafonne à 44,60 euros la tonne. Plus le prix de la tonne de carbone grimpe, plus les industriels sont forcés de revoir leurs stratégies. Investissements dans l’efficacité énergétique, modernisation des équipements, choix de matières premières moins carbonées : la taxe agit comme un levier.
Mais tout dépend du cadre mis en place. Les exemptions, trop courantes, limitent l’impact réel. Les recettes générées, bien utilisées, peuvent financer la transition énergétique, encourager l’innovation ou amortir l’impact pour les foyers les plus vulnérables. Sur l’environnement, le constat est clair : dès que le prix du carbone franchit certains seuils, la baisse des émissions s’accélère. La Suède, pionnière, a réduit ses émissions de plus de 25 % en trente ans, sans freiner sa croissance.
La taxe carbone oriente en profondeur les décisions industrielles et modifie les comportements, à condition d’être suffisamment élevée et pensée dans une stratégie globale.
Comparaison européenne : comment la taxe carbone façonne-t-elle les politiques climatiques ?
L’Union européenne avance en ordre dispersé sur la taxe carbone. La Suède, pionnière, impose un prix du carbone qui surclasse celui de ses voisins. Résultat : une réduction visible de ses émissions et une accélération du développement des énergies renouvelables. La France, elle, reste à la traîne. Son niveau de taxe n’envoie pas de signal suffisamment dissuasif, même si le marché du carbone européen (ETS) impose des quotas d’émission à l’industrie lourde.
L’outil phare reste le système d’échange de quotas d’émission (ETS). Il concerne les secteurs les plus émetteurs : production d’électricité, aciéries, cimenteries. Chaque acteur reçoit des quotas et doit acheter des droits s’il dépasse ses limites. La logique : plus les quotas se raréfient, plus le prix grimpe, plus la réduction des émissions s’accélère. Mais la répartition reste inégale. Certains États membres appliquent une taxe carbone nationale en complément. L’Allemagne et les Pays-Bas ont franchi le pas, avec des résultats tangibles sur le mix énergétique.
Depuis 2023, l’UE muscle son arsenal : le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières cible les importations carbonées. L’objectif : aligner l’industrie européenne sur un pied d’égalité avec les concurrents extra-européens. Pression sur les producteurs étrangers, incitation à l’innovation locale, accélération de l’amélioration de l’efficacité énergétique : les signaux sont clairs. Mais la réussite dépendra de la coordination et de la fermeté des États membres face aux lobbies nationaux.
Dans la bataille climatique, la taxe carbone s’impose comme un révélateur des ambitions des États. L’écart entre la théorie et l’impact réel dessine la frontière entre discours et action. À chaque pays, sa trajectoire, ses choix. Mais, dans la course contre la montre climatique, la cohérence et la détermination font toute la différence.
