Retraite

Avantages de la préretraite : ce que vous devez savoir

21 % des salariés français âgés de 60 à 62 ans travaillent à temps partiel, mais seuls une poignée bénéficient de la retraite progressive. Le dispositif, pourtant, devrait être bien plus qu’un mirage dans les brochures RH.

En France, le dispositif de retraite progressive permet de cumuler une activité à temps partiel et une fraction de pension de retraite dès 60 ans, sous conditions. Certains salariés du secteur privé peuvent accéder à une préretraite d’entreprise, rarement proposée, mais assortie de critères stricts et de conséquences sur les droits à la retraite.

La fiscalité appliquée aux revenus de préretraite diffère de celle des pensions classiques, et les droits aux prestations sociales peuvent être modifiés. Les choix effectués à ce stade ont un impact direct sur le montant de la retraite définitive et sur la couverture sociale future.

Panorama des dispositifs de préretraite et de retraite progressive : comprendre les options possibles

Les dispositifs de préretraite et de retraite progressive forment aujourd’hui un ensemble de solutions aussi variées que techniques. La multiplication des réformes a brouillé les cartes. Employeurs et salariés se retrouvent désormais face à des règles précises, des conditions d’accès pointues et des modalités d’application parfois complexes.

Voici les principaux dispositifs existants et leurs spécificités :

  • Préretraite amiante : destinée uniquement aux salariés exposés à l’amiante, elle autorise un départ anticipé dès 50 ans. L’allocation, soumise à un plafond, peut atteindre 65% du salaire de référence. La demande s’effectue auprès de la CPAM. Ce régime reste réservé à un public clairement identifié, et n’est pas généralisable.
  • Préretraite pour pénibilité : accessible à partir de 57 ans pour les personnes en situation de handicap ou d’incapacité physique d’au moins 10%. Là encore, l’allocation correspond généralement à 65% du revenu antérieur.
  • Préretraite d’entreprise : financée par l’employeur, elle concerne surtout les plans de sauvegarde de l’emploi (PSE). Les modalités sont fixées par accord collectif ou convention avec la DDTEFP. Ce dispositif reste rare, mobilisé dans des contextes de restructuration.

Pour celles et ceux qui souhaitent ralentir sans couper net, la retraite progressive se présente comme une voie intermédiaire. Depuis la réforme de 2023, elle s’ouvre dès 60 ans. Le principe : réduire son temps de travail (entre 40 et 80%), tout en touchant une partie de sa pension de retraite. Il faut justifier d’au moins 150 trimestres cotisés pour y prétendre. Ce cumul entre salaire à temps partiel et fraction de pension apporte une réelle flexibilité, tout en continuant à cotiser pour la retraite finale.

La retraite anticipée vise, elle, des parcours particuliers : carrières longues, situations de handicap ou d’incapacité. Un départ devient possible à partir de 57 ans, sous réserve d’une durée d’assurance suffisante ou d’exposition à certains risques professionnels. Chaque dispositif répond à des situations distinctes, avec des logiques propres à la négociation individuelle ou collective.

Quels avantages et limites selon votre situation ?

Pour un salarié, la préretraite ouvre la porte à une sortie en douceur, avec une indemnité comprise entre 65 et 70% du salaire brut de référence. Cette phase, limitée à trois ans maximum, permet de quitter son entreprise avant l’âge légal de départ. Le dispositif séduit souvent ceux qui, après une carrière éprouvante dans l’industrie, le BTP ou la chimie, cherchent à lever le pied. Mais l’arrêt de l’activité professionnelle est total : toute reprise d’emploi stoppe immédiatement le versement de l’indemnité.

Du côté de l’employeur, la préretraite sert d’outil pour anticiper la gestion des effectifs, en particulier lors d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Pour l’entreprise, il s’agit d’accompagner les départs, de limiter les tensions sociales, mais aussi d’assumer le financement direct de l’indemnité, parfois via un contrat d’assurance dédié. La préretraite doit s’encadrer par un accord collectif ou une convention validée par la DDTEFP.

La préretraite amiante offre un départ dès 50 ans pour les salariés éligibles. Quant à la préretraite pour pénibilité, elle vise les personnes en situation de handicap ou d’incapacité (au moins 10%), à partir de 57 ans. Ces solutions restent réservées à des profils bien identifiés, et excluent les démissions volontaires.

La réforme des retraites 2023 a repoussé l’âge légal à 64 ans, ce qui rend la retraite progressive d’autant plus attractive. Cette formule, accessible dès 60 ans, permet de cumuler un salaire à temps partiel et une fraction de pension, à condition de justifier de 150 trimestres. Pour les travailleurs indépendants, seul le dispositif de retraite progressive, sous réserve de critères spécifiques, reste envisageable.

Couple d

Impacts financiers d’un départ anticipé : ce qu’il faut anticiper avant de se lancer

Décider de quitter le monde professionnel avant l’âge légal n’est jamais neutre sur le plan financier. Le passage en préretraite entraîne une baisse des revenus : l’indemnité, souvent comprise entre 65 et 70% du salaire brut de référence, est inférieure à la dernière rémunération perçue. Les primes, commissions et heures supplémentaires ne sont plus prises en compte. Cette diminution de ressources peut durer jusqu’à trois ans, et doit être anticipée.

Un élément déterminant : la cessation d’activité met un terme à l’acquisition de nouveaux trimestres cotisés pour la retraite de base. Cette pause peut peser lors du calcul de la pension finale, surtout pour ceux qui visaient le taux plein. À l’inverse, en optant pour la retraite progressive, il est possible de continuer à cotiser en travaillant à temps partiel et de limiter la décote.

Avant de s’engager, il est utile de faire le point sur sa situation :

  • Vérifier le nombre de trimestres validés et ceux restant à obtenir.
  • Estimer l’impact sur la pension future, en prenant en compte l’arrêt des cotisations.
  • Envisager un rachat de trimestres ou alimenter un plan d’épargne retraite (PER) pour préparer la transition.

En préretraite, le salarié ne cotise plus au régime général ni aux complémentaires comme Agirc-Arrco. La question de la protection sociale se pose alors : la Sécurité sociale maintient sa couverture, mais l’acquisition de points pour la retraite complémentaire s’interrompt. Partir plus tôt, c’est donc arbitrer entre niveau de vie, fiscalité, patrimoine et sécurité à long terme. Chacun y trouvera, ou non, la formule qui colle à son histoire et à ses attentes.